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Histoire du 362ème régiment : Mise en place Mouvements et opérations Attaque du bois et du village d'Haumont Reconstitution du régiment En leur mémoire  

 

ATTAQUE DU BOIS ET DU VILLAGE D'HAUMONT

21 et 22 février 1916.

(Extrait du Journal de marche du 362e R.I.)

 

Le 21 février, vers 7 heures, le bombardement sur tout le secteur commença.

À 7h30, le commandant des A.P. téléphone que les Allemands bombardent très violemment les tranchées de première ligne et la ligne de soutien avec des obus de gros calibre.

Le commandant du sous-secteur quitte Samogneux avec la fraction de C.H.R. qui y cantonnait et se rend à son poste de commandement à Haumont par le boyau de Samogneux, qui, de même que le ravin, est sérieusement bombardé tant avec des obus ordinaires qu'avec des obus lacrymogènes.

Le bombardement augmente d'intensité sur le bois d'Haumont et les ravins avoisinants.

Les communications téléphoniques avec les A.P. sont détruites. La ligne Haumont-Samogneux seule reste intacte.

De 10 heures à 16 heures, le bombardement intense coupe la liaison par coureurs avec les A.P. qui n'envoient aucun renseignement. Les hommes envoyés d'Haumont ne reviennent pas. On sait seulement que le bombardement continue sur la première ligne.

À 17 heures, premier renseignement venu de S6, S5 détruit par le bombardement a été évacué par les quelques défenseurs survivants. Ordre est alors donné à la section de la G.G. III qui tenait S6 de reprendre l'ouvrage et de chercher la liaison avec S3 et S4. Elle sera remplacée à S5 par une section de la 17e compagnie. À 17h 45, on reçoit par un isolé et aussi par un coureur du commandant des A.P. le renseignement que S3 est violemment attaqué.

Les Allemands ont pénétré dans le bois par les tranchées 11 et 12 du sous-secteur voisin et tournent S3 par la droite, en même temps, le commandant du A.P. resté à son P.C. demande du renfort. Un peloton lui est immédiatement envoyé, sous la conduite du sous-lieutenant Groff.
Le bombardement d'Haumont continue toujours aussi intense. À 19h 40, un sous-officier blessé venu de S4 annonce que S3 est tombé aux mains de l'ennemi vers 16h 30 et que S4 est attaqué par des forces sérieuses. La garnison des abris et des tranchées s'est vigoureusement défendue à la grenade pendant plus d'une demi-heure.

Vers 20 heures, les patrouilles de la 17e compagnie et les renseignements donnés par le peloton Groff font connaître que les Allemands sont arrivés à la lisière sud du bois d'Haumont. Les communications deviennent de plus en plus difficiles avec l'avant par suite du bombardement dirigé sur Haumont, ses abords et la zone entre Haumont et le bois.

À 20 heures, on apprend que la section Dauvois, de la 18e compagnie, qui avait été envoyée réoccuper l'ouvrage S5, est arrêtée devant la corne sud-ouest du bois d'Haumont, par des mitrailleuses, après avoir réussi à reprendre 100 mètres du boyau S5-S6, après un combat à la grenade. Elle s'établit à 80 mètres face à cette lisière. Le peloton de renfort Groff est arrêté devant la lisière sud du bois d'Haumont et stoppe à cheval sur la route de Flabas, surveillant la lisière.

Le poste de commandement des A.P. à hauteur de sa droite est déjà tenu par l'ennemi.

À 20h 15, arrive à Haumont la tête des deux compagnies (22e et 23e) en réserve à Samogneux (capitaine Clapon), mises par le commandant de la brigade à la disposition du commandant du sous-secteur.

Une contre-attaque devait se déclencher à 4 heures, lorsque les deux autres compagnies du 6e bataillon également envoyées Haumont, à la disposition du commandant du sous-secteur, seraient arrivées. Mais à 3h 15, le commandant du sous-secteur reçoit l'ordre de la division d'exécuter, à 6 heures, une contre-attaque sur toute la lisière sud du bois d'Haumont avec le 6e bataillon du 362e, un bataillon du 324e et deux compagnies de mitrailleuses (l'une de la 143e brigade, l'autre de la 107e brigade). La contre-attaque projetée avec les 22e et 23e compagnies est contremandée et les ordres sont donnés pour la nouvelle opération. Pendant ce temps, le peloton Groff, qui a constaté la présence de l'ennemi en forces sur la lisière du bois d'Haumont et n'a put trouver le commandant des A.P. (ce dernier, blessé, s'était replié sur Haumont avec quelques hommes échappés de S3), s'était replié sur l'ouvrage B occupé par une fraction du 165e. Ses patrouilles surveillent la lisière du bois. Ordre lui est envoyé, à 2 heures du matin, de rentrer, en laissant deux patrouilles de contact. Les 22e et 23e compagnies étaient au complet à Haumont, à 2 heures du matin.

Les 21e et 24e compagnies n'arrivent. Que plus tard, vers 4h 45. À 5 heures, le commandant du sous-secteur voit arriver à son poste le commandant du bataillon du 324e qui n'amène avec lui qu'une compagnie environ et déclare que ses unités retardées dans l'unique boyau de Samogneux, par le tir de barrage, ne pourront arriver pour 6 heures. Il faudra ensuite qu'elles gagnent les ouvrages A et B d'où elles doivent partir pour contre-attaquer par l'est de la route de Flabas. Compte rendu téléphonique en est adressé à la brigade à 5h 15 et le commandant du sous-secteur reçoit l'ordre de remettre à 8h 30 sa contre-attaque qui sera préparée par un tir d'artillerie d'une demi-heure.

À cette heure, les compagnies du 6e bataillon avaient commencé les mouvements préparatoires à la contre-attaque prévue pour 6 heures.
Le contre-ordre leur parvient, sauf à la 21e compagnie qui s'est portée seule, par le sud de la route de Flabas, dans la direction de S3 et qu'on ne peut rejoindre. À partir de 6 heures, le bombardement ennemi, un peu ralenti pendant la nuit, reprend son intensité avec des obus qui paraissent être de très gros calibre. À 7 heures, une attaque ennemie d'environ deux compagnies se produit sur l'ouvrage S6, qui dispose de 2 mitrailleuses et est occupé par un peloton diminué déjà par les pertes de la veille. L'attaque allemande est arrêtée par les feux de la défense et par les grenadiers qui défendent l'accès du boyau S5-S6.

8 heures. - Le bombardement d'Haumont redouble et prend une intensité telle que tout débouché d'Haumont serait impossible à une troupe. La menace de l'ennemi sur le nord d'Haumont s'accentue. Dans ces conditions, après compte rendu au commandant de la brigade, la contre-attaque est contremandée et les compagnies d'Haumont s'établissent comme il suit :
   17e compagnie, ouvrage S6 et H, face au nord et nord-est.
   18e compagnie, aux ouvrages H2.
   22e compagnie, à H3 et à H3 M.
   23e compagnie, en deuxième ligne, derrière la 17e compagnie en arrière de la lisière, destinée à occuper les deux grands boyaux perpendiculaires à la grande rue de H2 à H1 qui ont été organisés pour le tir. La compagnie s'abrite dans les caves organisées dans l'abri à l'épreuve en U au nord du lavoir. La 24e, en réserve, au sud-est d'Haumont, dans les abris et les tranchées situées près du P.C., tranchées qui avaient été approfondies pendant la nuit. Dans le réduit, les mitrailleurs disponibles et les pionniers. À partir de 10 heures, la violence du bombardement augmente encore ; le commandant du sous-secteur n'a plus de communications même optiques avec l'arrière ni avec l'artillerie de la cote 344. Malgré les obus de très gros calibre, les troupes se maintiennent stoïquement dans les tranchées et abris, sous la direction énergique de leurs officiers et ne lâchent pas pied. Les rafales d'artillerie lourde se succèdent sans interruption, battant à la vitesse de 8 à 10 coups par minute, particulièrement Haumont, mais aussi tous ses abords, ainsi que le ravin au sud d'Haumont.

Vers 14 heures, le bombardement devient terrible (parfois 20 coups à la minute). Tout est détruit. Seul, le P.C. reste à peu près en bon état. Le réduit bétonné s'effondre, ensevelissant sous ses décombres 80 hommes et détruisant toutes les munitions. Les pertes en officiers et en hommes subies du fait du bombardement, qui dure depuis 6 heures du matin, sont énormes.

À 16 heures, l'ennemi attaque l'ouvrage S6 et l'enlève sans toutefois pouvoir progresser. À 17 heures, les Allemands, au moins 1 bataillon, attaquent Haumont par le nord, le nord-ouest et l'est.

Les quelques survivants du bombardement doivent céder devant l'attaque qui enveloppe le village par trois côtés. Les mitrailleuses restées intactes leur infligent des pertes sérieuses, mais sont débordées et prises. Les fractions disponibles (grenadiers, sapeurs, etc.) placées près du P.C. se jettent dans les nouvelles tranchées creusées au sud-est d'Haumont sur les pentes et résistent à l'attaque de la gauche ennemie qui, gênée par les réseaux incomplètement détruits, met en batterie trois mitrailleuses de ce côté. Trois mitrailleuses de la 1re compagnie de brigade restées intactes entrent en action au sud-ouest du village et font stopper les attaques venues du nord et du nord-est. Mais les attaques venues du nord et du nord-ouest des Allemands ont réussi, en raison du petit nombre de défenseurs en état de combattre. Les Allemands débouchent dans la grande rue du village et par le presbytère. Ils amènent une mitrailleuse à la sortie sud-ouest d'Haumont. Ce mouvement allemand par l'ouest du village menace de déborder les mitrailleuses, qui, après un tir efficace, se replient par échelons sur le boyau de Samogneux.

Les Allemands atteignent à revers le P.C. du commandant du sous-secteur et par les soupiraux des caves y mettent le feu avec des flammenwerfer. L'incendie se propage avec rapidité.

Le personnel du P.C. va être cerné et obligé de se rendre ou de rester dans les flammes.

Le lieutenant-colonel commandant le sous-secteur, avec 5 officiers et une dizaine d'hommes, s'échappe sous le feu des mitrailleuses ennemies en se portant vers C1, sous la protection de la dernière mitrailleuse en action au sud-ouest d'Haumont. À 18 heures, le lieutenant-colonel commandant le régiment, après avoir rendu compte à Samogneux au colonel commandant la brigade, se reporte sur Haumont pour essayer de recueillir les éléments du régiment qui auraient échappé.

Les pertes du régiment, dans la journée du 21, avaient été de 5 officiers et 360 hommes, tant tués que disparus. Le 22 février, le régiment a perdu, en tués, blessés ou disparus, 27 officiers et 1.265 hommes.

Le 362e R.I. a tenu héroïquement jusqu'au bout la position qui lui avait été confiée.

Il n'a succombé que sous la rafale formidable d'artillerie lourde qui, pendant deux jours et surtout le 22 février, a détruit les tranchées, les abris et réduit jusqu'à néant les effectifs de la défense.

À la suite de ces deux tristes et mémorables journées, le 5e bataillon fut cité. Voici le texte de la citation :
« Malgré un bombardement formidable et d'incessantes attaques, a assuré, avec une bravoure magnifique et jusqu'à la dernière minute, la défense d'un village et des ouvrages voisins dont il avait la charge.»

Les renseignements suivants ont été donnés par le lieutenant Rigal et le capitaine Richard (Hippolyte) :

« Le lieutenant Dauvois a tenu, avec 2 ou 3 hommes seulement et des grenades, l'entrée du boyau qui va à S5 pendant toute la nuit du 21 et une partie de la matinée du 22. »

Le lieutenant Dauvois a été tué.

Le bombardement, à un moment donné, étant d'une intensité inouïe, le caporal Corne (Alfred) reçoit l'ordre de cesser le déblaiement de décombres sous lesquels venaient d'être ensevelis des agents de liaison à côté du P.C. du colonel, ce caporal répond :

« Nous y laisserons probablement notre peau, mais notre devoir est là et nous ne cesserons le travail que lorsque nous aurons fini de dégager tous les vivants. » En effet, on entendait des râles et des cris d'appel et les vivants furent dégagés. Le caporal Corne a été tué.

Récit du capitaine Richard (Hippolyte), qui était à la G.G.II :

« L'ennemi, par un bombardement systématique, bouleversa complètement nos tranchées de première ligne et le peu d'abris qui résistèrent eurent leurs issues obstruées, emprisonnant les garnisons qui ne durent la vie qu'à l'intervention de chiens sanitaires allemands qui les découvrirent, douze heures environ après le passage des vagues d'assaut ennemies.

« L'ouvrage S3 des 14 layons, d'un aspect formidable, subit un bombardement très violent par des obus de gros calibre, et cet abri bétonné, considéré comme le plus résistant de la ligne de défense du bois d'Haumont, fut réduit en miettes, ensevelissant une partie des occupants, lesquels, une fois dégagés, durent se replier dans un abri cimenté formant cage, qui lui-même subit un bombardement tel qu'on y constatait des remous continuels.

« Sur ce point, il y a lieu de signaler le téléphoniste Gaby, qui réussit à traverser les lignes allemandes lorsque l'ouvrage était cerné et à porter des renseignements au commandant des A.P.

« Le lieutenant Andrieu, tué sur la route au moment où il se rendait au blockhaus des mitrailleuses, après avoir tué un Allemand de la vague d'assaut.

« Le lieutenant Bonte, qui, grâce à une énergie admirable, maintint ses hommes sur une position extraordinairement bombardée. la lieutenant Bonte est tué.

« Les tranchées de première ligne se trouvant dans le ravin du bois neutre, ayant moins souffert des bombardements, résistèrent jusqu'au 22, à 8 heures du matin, infligeant à l'ennemi de lourdes pertes. Là se sont particulièrement distingués les lieutenants Bondoux et Deléglise, ainsi que le sergent Rousset et le soldat Dissaux.

« Les Allemands ne réussirent à s'emparer de ces tranchées qu'après quinze heures de résistance, de combat rapproché et grâce à l'intervention de liquides enflammés. »

Après cette affaire d'Haumont, le 362e ne comptait plus que 60 hommes ayant échappé à la mort ou à la captivité.

 

 

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